Abhorrions Flairant

D’une araignée en larmes aux ombres du soleil

Tentative d'anadiplose en abécédaire

En bon traître, le mois de septembre drape ses jours humides d’Amaryllis. L’amaryllis japonaise, non moins déloyale, déchoit de son trône sous la lourdeur de la pluie pour aller avec ses étamines carmin dans de grandes flaques barboter. Barboter sous l’observation désespérée d’une dizaine de pupilles félines montées avec une grâce toute particulière sur leur corps anorexique de chat. Les chats immobiles sont si tristes et maigres face à la chute des pétales arachnides qu’aucun d’entre eux ne danse. Danse interdite et qui paralyse de ses poisons de minceur ces piquets poilus à l’air trompeusement tranquille ; en réalité, l’anxiété anémique éclate dans le miroir de leurs yeux avec la même incertitude dévorante que nourrit à propos de son fœtus toute femme enceinte. Enceinte comme ma maîtresse de yoga qui toujours dans les plus sévères poses désire me figer. Figer les muscles de son élève si puceau de souplesse au point de les rompre presque, ou de les faire grandir. Grandir physiquement et spirituellement d’abord, pour ses limites avec violence venir finalement heurter. Heurter la douleur pour briser l’impatience. Impatience maudite et vorace de devoir continuellement jouir. Jouir par la bouche, jubiler par le cul et posséder par son pénis impérieux secrètement dressé sous kimono. Mon kimono si doux qu’il rappellerait presque à ma peau frissonnante la suavité que dégage en septembre l’éclat de la lune. Cette lune hantée de lapins sur laquelle les japonaises aiment tant lorgner durant le neuvième mois de l’année, mais moi – ennemi de ce gibier céleste et de tous les autres dieux – préfère largement me faire pétrir par elles le gland comme du mochi. Mochi plus pâle que mon sperme dont j’ambitionne pourtant de souiller la peau de leurs seins parfaitement plats et nus. Nus, certes, mais habillés aussi de tétons si roses qu’on les croirait made in Taipei plutôt qu’ à Osaka. O-saka la grande colline qui depuis tant de siècles de ses pèlerins les plus patients contente à bonheur égal palais et pénis. Mon pénis maudit, remuant et éternellement dressé comme d’un chien content, la queue. Ces queues infinies encore qu’on endure en Asie sans rage. Je rage pourtant rouge devant les souffrances de ma fille couverte des boutons et des cloques dont accouche souvent le syndrome pieds-mains-bouche. Syndrome P-M-B qui glisse de gosse en gosse plus vite qu’un mouflet du ciel au bac-à-sable emprunte son toboggan. Les toboggans rongés de rouille antique pavent Tsurumi comme autant de galaxies en couche-culottes étincelantes remplissent de merde humaine notre jeune univers. L’univers déborde à l’image de mon quartier d’enfants surnuméraires, voulus plus par la mécanique infernale de la baise que par les illusions de l’amour : cette rencontre inévitable non de deux cœurs, mais bien plutôt d’un braquemart et de sa moule, et que les Tisserands du Destin ré-imposent constamment de leur violence. Sans violence point de vie : c’est la cadence que Lucifer aux âmes attentives tambourine lui-aussi sans fin sur son infernal xylophone. Xylophone aux notes aiguës et brûlantes similaires à s’y méprendre au gong concluant la pose du cadavre en yoga. Yoga sacré de dieux pas si païens que cela et qui enseignent tant en hiver qu’au printemps la même leçon ; tant en été qu’en automne aussi : à connaître l’existence et la nature précise des liens secrets faisant frémir chacun face aux lumières méphistophéliques de leur personnel zénith.

Notes