abhorrer, verbe transitif
Avoir pour une personne ou une chose une antipathie telle qu'on ne saurait la voir ou y penser sans éprouver un frémissement et un mouvement tendant à s'en éloigner ou à l'éloigner.
flairer, verbe transitif
Appliquer son odorat à discerner et reconnaître quelque chose.
J’avoue avoir titré ce site avec les deux verbes définis ci-dessus par pure paresse. Ils constituent simplement ensemble un résultat anagrammé aléatoirement des lettres de mon nom complet : Bastian Florian Rohr. Le hasard né de mon oisiveté maladive – cette déesse cruelle qui me joua si souvent des tours – se montra toutefois étrangement pertinent dans ce choix de termes. Ils cernent en effet assez précisément mon rapport tordu à la littérature. En plus, on me surnommait déjà Monsieur Bizarre à l’école primaire. Je suppose que certains traits de caractère ne s’effacent jamais vraiment. Attendez-vous donc à d’autres étrangetés tant ici que dans mes bouquins !
Vous aurez compris à ce stade être tombés sur ma page d’auteur. Si vous désirez en savoir plus à mon sujet, vous pouvez consulter mon profil.
Pour ceux qui s’en foutent (ils ont mille fois raison) et que mes divagations intéressent davantage (ça risque de réduire drastiquement le cheptel), continuons. Je décrivais ma relation torturée avec ces tourbillons infinis de mots emballés dans les livres que certaines âmes poussiéreuses persistent à appeler belles-lettres.
En la matière, je souffre de la pire schizophrénie possible. Les lettres, les mots et le langage m’obsèdent absolument. Rien d’étonnant pour un écrivain, me direz-vous peut-être. Vrai, mais je les déteste paradoxalement aussi avec une intensité féroce. Au point d'avoir du mal tant à lire qu’à écrire, même si je suis incapable de me passer de ces deux activités. Disons pour simplifier que je manque d’une certaine aisance verbale.
Un ami me suggéra un jour que cette relation d’amour-haine et de poussivité venait peut-être du fait que je sois polyglotte. Il n’avait pas tout à fait tort. Je dois bien avouer que le pandémonium absolu qui mélange dans ma caboche des démons linguistiques allemands, italiens, français, anglais et, depuis plus de dix ans déjà, japonais pèse assez lourd sur mes processus mentaux. J’ai d’ailleurs souvent l’impression que ma tête déborde d'une légion de termes surnuméraires.
D’un autre côté, je ne peux pas nier à quel point cette luxuriance aussi étrange que détestable m’a toujours invité à écrire et à lire. Pendant longtemps, elle m’a également inhibé par sa pesanteur. Puis, je me suis mis à la calligraphie japonaise lors de mon installation à Kyoto, début 2012. Si l’art du pinceau m’a fasciné immédiatement et que la découverte des caractères chinois m'a irrémédiablement ensorcelé, les règles innombrables gouvernant le traçage de leurs traits m’ont écœuré au plus haut point. J’ai toutefois fini par comprendre sous la férule de mes nombreuses maîtresses pourquoi toute beauté digne d’être contemplée ne pouvait finalement que naître de la rencontre quasi-impossible entre un sentiment intense d’impuissance haineuse et une volonté farouche de déflorer les secrets techniques d’un art ou d’un savoir-faire.
Je m’attelle donc jour après jour à appliquer ces leçons nipponnes en flairant le moindre recoin de mes errances littéraires à la recherche de la phrase la plus juste. Avant bien sûr que mon cerveau et les cinq langues qui le hantent n'abhorrions avec la jubilation la plus infâme mon incapacité chronique à jamais la dénicher.